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L’entreprise d’insertion Ecocup transforme l’essai !
Les organisateurs de la coupe du monde ont retenu Ecocup, entreprise d’insertion originaire de Céret dans les Pyrénées Orientales, pour approvisionner en gobelets réutilisables les 48 matches qui auront lieu pendant la compétition. Emmanuel Torrent, co-fondateur et grand fan de rugby, nous en dit plus sur l’origine de son projet d’entreprise, qui conjugue bon sens, insertion et bénéfices environnementaux.
Bonjour Emmanuel, comment êtes-vous passé de l’idée sympathique du gobelet lavable et réutilisable à l’entreprise d’insertion Ecocup ?
Bonjour ! Notre développement résulte de l’engouement du public pour notre solution. Nous ne pensions pas que le succès serait au rendez-vous de notre projet, associatif à l’origine. Notre idée initiale était simplement d’arrêter le gaspillage avec le jetable et de rendre nos événements de proximité plus propres. Mais force est de constater que nous avions là un projet qui ne demandait qu’à se développer : nous sommes passés de 3 évènements en 2008 à 300 en 2009 !
Où en est Ecocup aujourd’hui ?
Ecocup est aujourd’hui une PME d’insertion qui est présente sur environ 4000 évènements par an, de toutes tailles, du festival des Eurockéennes de Belfort au festival du Jardin du Michel, en Meurthe-et-Moselle. Nous lavons 50 millions de verres par an. Du côté de l’emploi, nous comptons aujourd’hui 47 équivalents temps plein dont 10 en insertion. Nos quatre activités principales sont la logistique, le lavage, l’impression et la fabrication des gobelets.
Eco-conception, réutilisation, recyclage : où vous situez-vous dans cette économie circulaire dont on parle de plus en plus ?
Avant toute chose, et au-delà des grands débats sur les concepts, il faut revenir à des messages simples : «un produit jetable ne peut pas être positif ! » et « un produit biodégradable est inutile s’il est enfoui ou incinéré ! ». En ce qui concerne le recyclage, et bien que le plastique (polypropylène) que nous utilisons soit relativement facile à recycler, nous militons pour que la réutilisation soit privilégiée. C’est en tous cas le message que nous faisons passer à nos clients. Et nous avons aujourd’hui la preuve qu’il est entendu : si vous allez au festival des Eurockéennes de Belfort l’an prochain et que vous commandez une boisson, le verre Ecocup que l’on vous donnera (en échange d’une consigne d’un euro) pourra aussi bien correspondre à l’édition 2016 du festival qu’à l’édition 2008 ! Tout le monde s’y retrouve !
Quelles sont vos marges de progrès malgré tout ?
Nous avons déjà progressé, nous consommons moins d’eau qu’avant pour le lavage, nous sommes passés de 8 cl d’eau pour nettoyer un verre à 6,5 cl. L’enjeu à terme pour nous est de parvenir à recycler notre eau de lavage, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Nous ne pouvons pas encore réaliser ces investissements car nous avons déjà beaucoup investi ces dernières années afin de répondre aux besoins de nos clients mais ça viendra. Nous essayons également de travailler sur la filière plastique en amont mais ce n’est pas facile car la chaîne d’approvisionnement est complexe et, je vais me répéter, les plus gros bénéfices environnementaux sont liés à la réutilisation. Le plus important c’est de ne pas jeter et de réutiliser. On doit améliorer les choses mais la base du projet écologique est la réutilisation.
Qui vous a parlé du modèle entreprise d’insertion ?
C’est le conseil départemental des Pyrénées Orientales qui nous a dirigés vers le modèle entreprise d’insertion. Cette évolution s’est faite naturellement pour nous étant donné notre attachement aux dimensions sociales et environnementales dans le projet. Mais nous avons pensé le projet avant de choisir le modèle entreprise d’insertion, je pense que c’est dans cet ordre que les choses doivent se passer pour réussir. La fédération régionale des entreprises d’insertion de Languedoc Roussillon nous a accompagnés dans cette transition et dans la mise en place d’un accompagnement socioprofessionnel pour les salariés éloignés de l’emploi.
Lors d’un événement à l’étranger, comme c’est le cas actuellement avec la Coupe du Monde de rugby, est-ce facile de transposer temporairement le modèle français de votre entreprise d’insertion ?
Non malheureusement, chaque pays a ses propres modèles, ses propres règles, et il n’y a pas d’uniformisation européenne en la matière. C’est dommage car la temporalité courte des évènements rend aujourd’hui impossible la réalisation d’une ingénierie sociale sur-mesure pour chaque évènement à l’étranger. Nous avons aujourd’hui un manque de connaissance à ce niveau et c’est un sujet sur lequel nous souhaitons travailler de manière collaborative.
Quels sont vos nouveaux projets, vos futurs marchés ?
Nous souhaitons nous développer dans la restauration rapide, dans les gares, les aires d’autoroutes, les parcs d’attraction. Pour cela, il nous faut sortir du modèle de la consigne tel que nous l’appliquons dans les stades ou les salles de concert. Nous avons créé une machine qui permet de récupérer les gobelets et verres contre de l’argent ou des tickets mais nous cherchons des partenaires prêts à se lancer dans l’expérimentation avec nous. Le potentiel est énorme, les entreprises de restauration pourront fidéliser leurs clients, et l’environnement et l’emploi seront les grands gagnants. Appelez-nous !
Qu’attendez-vous de cette coupe du monde pour Ecocup ?
Les gens ont peur de la nouveauté, de changer leurs habitudes, la coupe du monde peut être la petite graine qui prouve que tous les évènements peuvent et doivent sortir du jetable.
Votre pronostic ?
Malheureusement le rugby ce n’est pas le foot ! Et même si le Japon a battu l’Afrique du Sud, je ne pense pas que les All blacks laisseront échapper le titre. J’espère quand même que la France ira au bout car elle le mérite au regard de son parcours dans les précédentes coupes du monde.
Contact : www.ecocup.fr
Voir la vidéo réalisée par France 3 Languedoc Roussillon.
Crédits photos : © Jc Milhet
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