La quatrième édition du prix JENi (Jeune entreprise d’insertion) Christian Valadou a récompensé la légumerie Rhône-Saône-Légumes. Nous sommes allés à la rencontre de Barthélemy Chenaux et Benjamin Pallière, les deux fondateurs de cette coopérative (SCIC), qui participe à l’augmentation de la consommation de légumes bio et locaux, aussi bien chez les professionnels que les particuliers.

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre entreprise ?

Rhône-Saône-Légume a pour objectif d’améliorer la consommation de produits bio et locaux sur les départements du Rhône et de la Loire, et notamment auprès des centres urbains (métropoles de Lyon et de Saint-Etienne). Nous préparons des légumes bio achetés auprès de producteurs locaux respectueux de la saisonnalité. Nous transformons les légumes (lavage, épluchage…) avant de les proposer à tous les cuisiniers, du particulier au professionnel, pour leur simplifier leur travail en cuisine.

Nous avons fait un double choix : celui de l’entreprise d’insertion et de la coopérative car nous voulons être un outil au service du territoire, tant sur le volet alimentaire que social. Nous sommes en effet une SCIC et avons un certain nombre de sociétaires, dont une communauté de communes et des acteurs de l’alimentation durable.

Vous avez fait le choix de fonder en 2021 Rhône-Saône-Légume sous forme d’entreprise d’insertion, quel a été votre parcours ?

Nous sommes une entreprise d’insertion avec l’objectif de favoriser l’emploi et l’accompagnement de personnes éloignés de l’emploi, en nous appuyant sur un outil industriel. Aujourd’hui nous sommes une équipe de dix-sept dont neuf salariés en insertion (sept en transformation et deux chauffeurs-livreurs).

Au moment de la fondation, nous avons rencontré peu de difficultés. Nous faisons partie du réseau Terre’Alter qui nous a beaucoup appuyés sur les sujets de processus industriel et sur l’insertion. Nous sommes aussi en lien avec d’autres acteurs de l’insertion et avons bénéficié de nombreux soutiens, de la part des élus locaux, du département et aussi de la fédération des entreprises d’insertion.

La notion de territoires, et plus spécifiquement d’agriculture locale, est au cœur de votre projet. En quoi est-ce important pour vous et comment y contribuez-vous avec Rhône-Saône-Légumes ?

Nous avons conscience du fait que les échanges en local ont un impact positif sur nos sociétés, nos systèmes économiques, sur la planète. Nous souhaitons donc être au service du territoire, développer des activités et monter des coopérations avec les acteurs / agriculteurs locaux. Dans notre conseil de surveillance, nous avons la chercheuse Carole Chazoule qui travaille sur les systèmes alimentaires du milieu (l’idée est de créer une nouvelle forme d’alimentation, à mi-chemin entre l’agriculture industrielle et l’agriculture d’ultra-proximité), nous souhaitons être un maillon central de ces systèmes.

Vous travaillez des professionnels que des particuliers, comment conciliez-vous l’exercice de votre activité auprès de ces deux publics très différents ? 

Aujourd’hui, notre cœur de cible est les professionnels (les cantines scolaires, les établissements médicaux mais aussi les traiteurs et restaurateurs). La différence entre les particuliers et les professionnels sont les modalités d’accès. Pour les professionnels, nous répondons à des appels d’offre. Pour les particuliers, il faut avoir une démarche marketing. Il faut trouver également adapter nos communications en fonction des critères de sensibilités de chacun. Pour certain, c’est l’insertion, pour d’autres, c’est le bio.

Vous avez monté cette entreprise en binôme, quels sont les avantages selon vous de ce mode de création ?

Pour la petite histoire, nous avions à peu près le même projet sur le même territoire et nous avons donc été mis en relation. Il y a un réel intérêt à être deux. C’est un gros projet, il y a beaucoup à faire, nous ne manquons pas d’être deux ! Nous avons des profils complémentaires, ce qui permet un équilibre. Nous avons une bonne répartition, nous n’avons pas les mêmes fonctions. Cela nous permet de bien avancer.

Quelles ambitions portez-vous pour l’avenir ?

Nous souhaitons poursuivre nos actions, faire nos preuves et répondre aux besoins d’une alimentation bio et local sur notre territoire. Il est également important pour nous d’être dans des projets démocratiques.

 Quelle a été votre réaction quand vous avez reçu le prix JENi Christian Valadou 2022 ?

Très content, le projet est ambitieux. Recevoir le prix JENi a été l’occasion d’avoir la reconnaissance de nos pairs, du Crédit Coopératif. L’équipe a bien reçu le titre, ils ont rajouté un post-it sur le trophée « meilleurs ouvriers et ouvrières en insertion de France ». C’est aussi une belle occasion de pousser notre communication externe !