Portrait
Découvrez AJI Environnement, lauréate 2021 du prix JENi Christian VALADOU
AJI Environnement est implantée sur le bassin rennais depuis vingt-trois ans. En 2020, la structure a fait le pari de faire confiance à un jeune cadre de l’entreprise âgé de 29 ans, Thomas Laleu, pour reprendre la direction et porter un projet de transformation sociale, environnementale et économique de l’activité. Lauréat du prix JENI 2021 Christian VALADOU avec ses équipes, il nous présente l’entreprise et son projet.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre entreprise ?
AJI Environnement est une entreprise d’insertion du secteur du paysage, implantée sur le bassin rennais avec différentes activités. L’entretien des espaces verts tout d’abord, pour tous types de clients (communes, communautés de communes, particuliers, syndics de copropriétés, entreprises…). Puis, nous avons une activité de création paysagère, sur de l’aménagement et de la conception de jardins, chez des particuliers et en sous-traitance pour des entreprises. L’entreprise a été créée en 1998 et nous sommes aujourd’hui une cinquantaine de salariés, dont 27 ETP en insertion.
En 2020, vous devenez directeur, après un parcours de six ans dans l’entreprise, qu’est-ce qui vous a décidé à reprendre cette entreprise ?
J’ai rejoint l’entreprise en 2014, à l’âge de 21 ans comme chef de chantier, avec la responsabilité de trois équipes. J’ai occupé ce poste quelques années pendant lesquelles l’entreprise a vu son chiffre d’affaires et le nombre de postes augmenter. A un moment donné, au vu de cet accroissement et de mes capacités en matière de gestion des finances et des chantiers, le directeur de l’époque m’a proposé de le seconder pour devenir directeur adjoint en 2017.
Nous avons continué à grandir, monté des projets, notamment la construction d’un nouveau bâtiment en 2019, dont j’ai suivi les travaux et la partie financière. C’est à ce moment-là que l’ancien directeur, à l’approche de la retraite, a commencé à envisager sa succession. Pour assurer le dynamisme de l’entreprise et impulser les transformations nécessaires, il a souhaité me laisser les rênes plus tôt et je suis devenu, le 1er janvier 2020, directeur d’AJI Environnement.
Depuis votre reprise de l’entreprise, vous avez impulsé une forte dynamique de transformation, qui a interpellé le jury du prix JENi. Pouvez-vous nous apporter quelques précisions ?
Nous avions déjà lancé de nombreux projets que j’ai souhaité poursuivre, notamment le développement d’activités et de nouveaux marchés. Lors de ma prise de fonction, j’ai investi deux sujets principaux. Le premier est celui de la gestion RH, avec le souhait de développer une approche de proximité, plus collaborative et collective. Cela a ouvert des pistes intéressantes, avec les chefs d’équipe et permis de réinvestir une relation de confiance avec mes collaborateurs. Dans la continuité de ces travaux, nous nous sommes fixé l’objectif, pour 2021 et 2022, de transformer les statuts de la structure, en passant d’une gestion associative à une gestion coopérative avec les salariés, sous la forme d’une SCOP SA.
Le deuxième sujet que j’ai souhaité porter est celui de la formation en situation de travail (AFEST). Dès janvier 2020, j’ai décidé de me lancer à fond là-dedans. Ce dispositif m’a paru très judicieux, nous apportant une vraie plus-value dans notre métier d’insertion. Nous n’apportons pas qu’un accompagnement social, mais aussi une formation technique sur les métiers du paysage. C’est un vrai plus, pour insérer encore mieux les salariés. Notre démarche a abouti en juin 2020, et aujourd’hui cela fonctionne très bien.
On dit que les jeunes dirigeants sont plus engagés sur les questions environnementales, quelles solutions avez-vous impulsées pour que votre activité ait un impact direct sur la biodiversité ?
Dès mon arrivée en 2014, nous avons décidé d’arrêter les produits phytosanitaires et ce malgré l’existence de contrats qui l’exigeaient. Nous avons alors mis fin à certains contrats, pour convaincre certains donneurs d’ordre d’adapter les marchés ; c’était en tout cas un point non-négociable pour nous !
Parallèlement, nous avons mis en place une politique ambitieuse de gestion des déchets, notamment pour les déchets verts, qui sont particulièrement importants dans notre activité et que nous essayons de recycler sur place. Un exemple concret sur nos contrats d’entretien des espaces publics : nous ramassions et enlevions énormément d’herbes de tontes. Nous avons convaincu nos clients qu’avec une organisation adaptée, on pouvait les recycler sur place, grâce à la technique de Mulching.
Nous avons aussi investi dans des équipements qui nous permettent de broyer les végétaux et les branches, pour les utiliser comme paillage dans nos chantiers. Outre le fait de valoriser directement nos déchets verts, cette technique, nous permet de lutter contre les mauvaises herbes, sans utiliser de produits phytosanitaires. Enfin, nous avons développé, avec un partenaire local, des solutions de valorisation de nos huiles.
Un dernier sujet qui me tenait à cœur était la création d’une activité d’éco-pâturage. L’idée était d’utiliser des animaux endémiques de Bretagne en voie de disparition. Les animaux maintiennent la végétation en prairie tout au long de l’année et les insectes pollinisateurs peuvent s’y développer. Les déjections des moutons et des chèvres se désintègrent rapidement dans le sol et créent un engrais naturel bénéfique pour les micro-organismes. Cette prestation peut être intégrée dans nos contrats d’entretien en proposant un coût annuel fixe pour entretenir un espace où la mécanisation peut être évitée.
Quelles ambitions portez-vous pour l’avenir ?
L’ambition est de grandir intelligemment, sans prendre de risques. Nous avons des perspectives d’évolution intéressantes, nous sommes sur un métier porteur, nous avons des clients qui nous font confiance. Le bouche à oreille nous fait grandir sereinement. Cette dynamique doit nous permettre d’agrandir les effectifs et notre bâtiment en 2022, et après, pourquoi pas, d’aller voir ailleurs et apporter notre expérience sur d’autres départements bretons, qui ne sont pas pourvus aujourd’hui.
Quelle a été votre réaction quand Philippe Lerouvillois Président du prix JENI Christian VALADOU vous a annoncé qu’AJI Environnement était la lauréate 2021 ?
De la fierté. Je suis fier de l’évolution de l’entreprise, fier de la confiance que mes collaborateurs me donnent pour la gestion de cette entreprise. Le prix JENi c’est une opportunité pour nous de dire qui on est et ce qu’on fait. Représenter AJI Environnement au national, c’est très valorisant et je ne l’aurais pas fait sans mon équipe derrière moi.
J’ai aussi été très content, lors de la remise du prix de voir qu’il y avait des jeunes qui prennent le risque de créer, d’entreprendre des projets inclusifs et collectifs. Je suis convaincu, qu’il faut faire de la place pour les jeunes et c’est tout l’intérêt de ce prix JENI. L’important ce n’est pas le prix en tant que tel, c’est l’accompagnement que la fédération, en partenariat avec la Chaire innovation et entrepreneuriat social de l’ESSEC et le soutien du Crédit Coopératif, apporte aux jeunes qui prennent des risques et qui renouvellent la gestion des entreprises d’insertion !
À la une
S’abonner à notre newsletter
Le meilleur de La fédération des entreprises d’insertion dans votre boîte mail !